Source : Magazine
Mensuel – Actualité – No 2978 du vendredi 5 Décembre 2014
Par : Delphine
Darmency
Le 19 novembre dernier, dans le cadre de la
Journée internationale pour la prévention des abus envers les enfants, Dar
el-Amal, accompagnée de ses petits protégés, a organisé une surprise de
bienvenue aux passagers arrivant à l’Aéroport international de Beyrouth. Une
initiative pour sensibiliser le grand public aux droits des enfants et aux
risques de maltraitance qu’ils encourent.
Il est midi et, comme chaque jour, l’aéroport
Rafic Hariri de Beyrouth est le théâtre d’un incessant va-et-vient de voyageurs
pressés de retrouver leurs proches ou de s’en aller vers d’autres horizons.
Dans le hall d’arrivée, rien à signaler, on fait les cent pas, les mains sont
moites, l’attente se fait longue. Un calme que va venir perturber une joyeuse
troupe d’une trentaine d’enfants prêts à faire porter leur voix, mais plus
encore leur message, car aujourd’hui, c’est la Journée internationale pour la
prévention des abus envers les enfants. Des petites têtes brunes qui font
partie des protégés de l’association Dar el-Amal, la Maison de l’Espoir,
instaurée en 1969. En 1987, elle ouvre son premier centre de prévention et de
protection pour les enfants dits «vulnérables» dans la banlieue nord de
Beyrouth à Nabaa, puis un second, il y a cinq ans, dans la banlieue sud à côté
du camp de Sabra.
«Ces centres ont été créés pour les enfants qui vivent dans des conditions très
difficiles au sein de familles disloquées ou dans le besoin, prises par leurs
problèmes, introduit la directrice de Dar el-Amal, Hoda Hamaouié Kara. Nous les
aidons sur plusieurs niveaux, tant éducatif que social ou psychologique, mais
nous leur permettons également de se divertir et de s’évader. Nous apportons
d’autre part une assistance juridique aux familles si nécessaire, organisons
des séances de prise de conscience pour les parents, surtout pour les mamans
pour qu’elles puissent assumer leurs responsabilités, et nous assurons le
parrainage scolaire de ces enfants, ajoute-t-elle. Notre but est de développer
leur potentiel à s’intégrer à la société et de les aider à réaliser leurs
projets de vie. Ces enfants ont le droit de vivre leur enfance et de se
développer sainement comme tous les autres enfants de leur âge. Pour atteindre
cet objectif, tout le monde est responsable, les ministères, le secteur public
et la société». Dar el-Amal a su s’entourer de partenaires fiables sur le long
terme. «Seuls, nous ne pourrions pas réaliser nos objectifs. Nos partenaires,
entre autres, War Child Holland, Diakonia, Ecpat France et la Fondation Asfari,
ne nous accompagnent pas uniquement financièrement, mais nous conseillent et
jouent un rôle de sensibilisation. Nos efforts communs paient, nous avons de
très bons résultats», assure Hoda Hamaouié Kara.
Un projet contre la traite des enfants
Au total, deux cents enfants, âgés de sept à dix-huit ans, fréquentent ces deux
centres. «A Nabaa, les enfants sont en grande majorité scolarisés et viennent
l’après-midi. A Sabra, il s’agit plus d’enfants de rue, donc nous les
accueillons tout au long de la journée», poursuit la directrice. Depuis presque
deux ans, Dar el-Amal a mis en place avec ses partenaires un projet pour
combattre la traite des enfants, notamment pour les prévenir et les protéger,
sans aucune discrimination, des risques de violences, des abus sexuels et de
leur exploitation à des fins commerciales: mendicité, trafic d’organes, travail
forcé, prostitution, enrôlement dans des conflits armés ou encore mariage
précoce. Un des volets de cette initiative est notamment de sensibiliser les
parents et le grand public à ces problématiques. Ainsi, c’est la deuxième année
consécutive que Dar el-Amal a choisi de célébrer la Journée internationale pour
la prévention des abus envers les enfants à l’aéroport de Beyrouth. «L’idée est
venue de l’équipe, reprend Hoda Hamaouié Kara. Nous avions plusieurs
alternatives, mais l’aéroport est un lieu qui brasse beaucoup de gens en un
laps de temps limité. Nous arrivons donc à toucher un grand nombre de
personnes. Cela nous permet de mettre notre cause sous les feux des
projecteurs, de parler des droits des enfants. Et plus il y aura de
sensibilisation, plus un nombre important d’enfants pourront être protégés de
toutes sortes de violences qui les affectent, quand on sait que des enfants
travaillent dès six ans dans des conditions déplorables».
Après avoir distribué des stickers et des brochures de sensibilisation aux
passagers et aux familles qui les attendaient, la joyeuse troupe, accompagnée
par des animateurs - habillés haut en couleur, de l’association Arc en Ciel
Circus, s’est rassemblée pour entonner l’hymne national et s’est prêtée à une
représentation dynamique et enjouée, qui a failli embrigader jusqu’aux
personnels de sécurité de l’aéroport. Le message est bien passé!
Sauvegarder les droits
Dar el-Amal, c’est aussi un centre de réhabilitation et de réinsertion sociales
destiné à des filles mineures et des femmes victimes de violence,
d’exploitation et de prostitution. C’est également un projet de réhabilitation
et de réinsertion sociales adressé à des femmes incarcérées dans les trois
prisons pour femmes de Baabda, Tripoli et Zahlé et un centre de protection
d’enfants, de filles mineures, violentées, et de réhabilitation et de
réinsertion sociales pour des femmes marginalisées. Des projets qui ont tous le
même objectif: sauvegarder le droit de l’enfant et de la femme.